Problèmes actuels de politique criminelle
(Résumé en français de l'éditorial)
Ce volume souligne que la politique criminelle, tant au Pérou qu'à l'international, se caractérise par une surcriminalisation et une dépendance accrue à l'incarcération. Cette approche est illustrée par des réformes pénales récentes au Pérou, imposées par des décrets législatifs qui confèrent des pouvoirs étendus au pouvoir exécutif. Ce phénomène est analysé comme un exemple de la tendance à "gouverner à travers le crime", où la politique publique est alignée sur une demande sociale de contrôle strict de la criminalité, menant à une politique criminelle qui sert davantage les intérêts de gouvernance que la justice elle-même.
Chaque contributeur de ce volume aborde différents aspects de cette réalité :
- John Vervaele se concentre sur la réaction pénale aux défis posés par la société de l'information, notamment en ce qui concerne le terrorisme. Il critique la tendance à la sécurisation excessive et à la pré-criminalisation, qui transforme le droit pénal en outil de politique de sécurité.
- Víctor Prado Saldarriaga examine les développements récents dans la lutte contre le blanchiment d'argent, soulignant les défis persistants malgré les réformes législatives, et appelle à une plus grande efficacité dans les politiques criminelles.
- Marcial Páucar traite des enjeux liés au lobbying et au financement des partis politiques, en plaidant pour une réforme qui permettrait une meilleure gestion des intérêts dans un contexte de corruption politique.
- Ramiro Salinas Siccha explore les défis dans l'application des lois contre la corruption, mettant en lumière la difficulté de distinguer entre auteurs et complices dans des crimes impliquant plusieurs acteurs.
- Caty Vidales discute de l'influence des médias et de l'opinion publique sur la politique criminelle, en montrant comment cette influence peut conduire à des politiques plus réactives que proactives, souvent au détriment de la justice.
- José Luis Díez Ripollés critique les effets socialement exclusifs de l'excès pénal, en particulier sur les suspects, les condamnés, et les ex-condamnés, appelant à une réévaluation des pratiques punitives.
- Percy García Cavero analyse la responsabilité pénale des personnes morales, un concept relativement nouveau dans les systèmes juridiques inspirés par le droit continental européen, soulignant la nécessité d'adapter le droit pénal aux réalités modernes des activités corporatives.
- Laura Zúñiga souligne l'importance de la responsabilité pénale des entreprises pour la protection des droits humains, indiquant que les sanctions pénales peuvent être un outil efficace contre les violations graves des droits par les acteurs économiques.
- Antonio Peña Jumpa propose une réflexion sur la politique criminelle dans des contextes sociaux et culturels divers, en suggérant que le modèle actuel, basé sur une société homogène, est inefficace dans des contextes diversifiés.
- José Hurtado Pozo critique le manque de prise en compte des facteurs sociaux, politiques, et économiques dans la conception de la politique criminelle, en plaidant pour une approche plus informée et contextualisée dans la création des lois et des pratiques pénales.
Chacun de ces articles contribue à une compréhension plus nuancée et critique de la politique criminelle, dans l'espoir de favoriser une application du droit plus juste et plus adaptée aux réalités sociales et culturelles contemporaines.